mardi 8 avril 2008

Les Gosses


C'est mon Enfant qui montre la voie.
J'apprends de ce petit gamin de bois;
En maître spirituel, ce nain au nez creux
M'enseigne les arts noueux.

Les cheveux filés au henné,
Il n'a nulle haine, son existence l'énième
Etape de l'humanité; il a dû tuer
Ses aînés car ils s'étaient enivrés. Saines,
Ses négations n'en sont pas moins renversantes,
Déboulant dans l'esprit versifié de clichés.
Car enclavés nous sommes, la beauté comme Dante
En exil, cherchant des traits diversifiés.

Cet Enfant qui mystifie nos préjugés
S'immisce en nous, se met à jauger
Nos faits et gestes; cet Enfant
S'en tient à certaines personnes pendant
Qu'une masse se réjouit en ignorance.
Des gosses s'agenouillent, imaginent manigances
A la pelle. Epelle "respect", pour que s'arrête
De peler ta dignité. Paix, sale belle bête.
Entre eux, brossant leur cupidité avec les couteaux
Saillants de la négligence. Vise trop haut,
Le très-haut s'en souviendra mais tu n'y crois pas,
Tu hausses ton index et affirme "ça n'existe pas".

Toujours versatile malgré l'âge,
Frangé, rangé aux côtés des actualités,
Tu es un journal dont tu ne sais lire les pages;
Pourtant une richesse tu détiens, enfouie, effacée.
Le risque est de tomber dans l'oubli de la culture,
Car par des histoires de cul on obture, obture
Le manque d'imagination, de créativité;
Change d'avis finalement, tes actes n'en seront modifiés.

Toi, le gosse, tu cours dans tous les sens,
Te perds en transes inutiles pour tenter
D'éviter la vue de cette pierre, l'intransigeance,
Qui fond sur toi. Tu es bien trop élevé
En mètres pour t'amuser de cette réalité.
Mais tu t'acharnes, patientes, oisif,
En espérant désespérément qu'un sauveur posé
Vienne t'abreuver de si doux poncifs.

Je parcours sans cesse les malheurs et révoltes
De ce monde; tout cela, je le récolte
Pour vous avertir du danger de semer à tout va...
Ceux dont les yeux les graines ne distinguent même pas,
Ces gosses-là sont des désastres, n'ayant pas encore su
Bourgeonner; des astres ils comprendront bien
Un jour l'illusion qu'ils constituent:
De mortes idées on tire nos lumières au quotidien.

Je suis un glauque-trotter,
L'enfant en moi en a terriblement peur.

Mon attirance envers tout cet attirail
M'a tiré vers le bas malgré les conseils
Que l'Enfant a proféré; mes failles
Se sont ouvertes, béantes, laissant le Soleil
Consumer mes os. Ces vices étaient pourtant
D'un bleu si vif, enjoué et attrayant...
A tort et à travers des cicatrices
Se sont formées, et s'y sont cloués
Des non-dits, comme ces corps noirs qui se fixent
Au sol sous les flammes de démons zélés.

'Toi, sale gosse aux cicatrices tristes,
Cesse d'enseigner de pseudo-morales,
De t'obliger à respecter de longues listes
De codes; déchaîne-toi, que tes joues pâles
Rosissent, que tes vagues ne cessent
De déferler sur le rivage, que nul ne blesse
Tes espérances maudites.
Vis, je te le dis, ta sensibilité est inédite.'


//25-26 janvier 2008//

2 commentaires:

  1. toi, tu n'es qu'un sale gosse .. (j'avais envie)

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  2. Héhé pas besoin de te redire ce que je pense de ton écriture, ta modestie atténuerait bien vite mes flatteries...

    Cela étant dit : j'ai pris une grande "claque d'émotions" (parmi d'autres) en lisant :

    " Je suis un glauque-trotter,
    L'enfant en moi a terriblement peur." !

    Cependant à la deuxième lecture, je me suis aperçue que je n'avais pas lu le 2e "en" > "L'enfant en moi en a terriblement peur."
    Le sens change donc, mais tant pis, j'ai décider que je zapperai le deuxième "en", volontairement, par abus de pouvoir certes... et sans même m'excuser, vive la liberté !

    Encore une chose (t'en as pas encore fini avec moi ! et puis, ça ne sera pas mon unique commentaire Héhé !) : Merci énormément pour ce site, je pense que c'est tout de même assez difficile de livrer ces vers à la toile, par conséquent merci, merci pour l'émotion.

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