mardi 29 juillet 2008

Travail Inné ?


Impossible de me contenir.
Certains en dix lignes décrivent
Des hectares de passions, rivent
Les images à leurs mots sbires.

Je m'accapare l'image de l'homme épique.
On a beau croire : même si ses mots piquent,
Il n'est pas héroïque, juste star aux mains remplies
D'avatars en dents de scie.

Fixe-toi une limite
Pour la franchir ensuite ;
Prépare pour tes cauchemars qui palpitent
Un plan qui les contrecarre.

Détruis-moi ces remparts, prends la fuite,
Envole-toi dans les contrées maudites
De l'art, vole ses pépites
Rencontrées en de somptueux lupanars.


//29 juillet 2008//

vendredi 18 juillet 2008

Poète à mi-temps


Parfois le soir je sors des crocs,

M'assois sur un fauteuil en eauDe vie...
Je marchande en devis
Mon âme à ces feuilles blanches,
Car commercer mes hantises
Est mon unique devise,
Ma seule solution de rechange.

Je suis un poète à mi-temps,
J'écris des souffles à peine repentis,
Invente des centaines d'habitants,
Les fais vivre en harmonie.

A crier la chaleur de prosternées
Routines, mon coeur refroidit,
Est pétrifié...
Dénonçons la banale vie,
Car à ne plus croquer
Même les sièges bondés,
Nos incisives se sont adoucies.
Chuchote, rie.

Et les poussées fraternelles
S'immiscent partout où l'on passe !
Fanent dès qu'on repasse,
Puis la soeur vient tout mettre à la poubelle.
J'ai des grades, un dédale
De grades classés, sur le marché
Pour qu'on les contemple
Telle la première dalle d'un temple.

Lorsqu'un escroc vient me rendre des comptes,
Je lui réponds qu'un escroc
Ne vend que des contes,
Et que mon argent est dans ma peau.
Ma nièce,
Elle, n'attend que mes pièces,
Elle veut qu'on me dépèce,
Me pèse ensuite et qu'on m'engraisse !

L'argent, rie, est sale,
Et tout laver n'est pas solution
Car la machine à sous n'est pas
Là, dans le salon.
Alors je menotte les excursions suspectes,
Interroge chacun des faits
Et gestes
De mes confrères aimés.

Je suis un poète à mi-temps,
J'écris des souffles à peine repentis,
Invente des centaines d'habitants,
Les fais vivre en harmonie.

Parfois, j'entends des mensonges
Sortant de lèvres bien trop rougies,
Contrairement aux joues qu'on ronge-
Rait à la folie.
Ferme ta bouche, je sature !
Un condamné à sursis pourrait
Te demander, comme si de rien n'était :
"Veux-tu des points de suture?"

Et Moi, je ne veux que te protéger,
Aller à la pharmacie,
Puis dans mon lit,
Et jeter.
Les excuses, je les achèterais par dix !
Mais pardi, je n'en ai nul besoin,
J'irai tout de même au paradis
Si je mens une vierge à la main.

On croirait que cent flammes
Suffisent à faire d'un article
Un brûlot exquis, véridique.
Mais souvent le lecteur s'enflamme,
Suivant la première étincelle
Pour se croire simplement tel
Un penseur de grande famille.
Peuh ! Fustige la famille !

Déridées, mes paroles érigent
Une statue souriant par hasard
Aux faisceaux dirigés vers l'art.
Mais au fond, ma poésie n'exige
Pas grand chose, et je titille
Les mots comme une goutte
De gouache qui vrille
Une peinte feuille en déroute.

Je sais sous les tombes
De défuntes amertumes
Tues à jamais. Je dissous l'ombre
D'un doute sous ma plume,
Je ne creuserai pas la terre
Sans cesse avec mon calamus !
Je préfère
L'économiser pour la muse.

Je suis un poète à mi-temps,
J'écris des souffles à peine repentis,
Invente des centaines d'habitants,
Les fais vivre en harmonie.

La, la, la, la la

Je suis un poète à mi-temps,
Comme une peste habitant
Les salles de bal de grands palais.
Oui ! Je valse et goûte le parfait !

Nous n'avons qu'à travailler mieux ?
Avez-vous humé, mon bon monsieur,
Dans les travées des succursales,
Les sarcastiques regards des pâles
Cadres qui saccagent mes couleurs ?
N'avez-vous pas senti comme une odeur
De vice affranchi, de frustration,
De regret d'être ici, de résignation ?
De douleur...
De douleur...
De douleur...

Moi, je reste immergé,
Nage en sueurs froides.
Moi, j'ai le droit d'exister.
Moi, j'ai le droit de susurrer aux Dryades
Que Moi, je les emmènerai
Sur les Toi du monde :
Il y en a tellement qu'après
Une première, toujours il en abonde.


L'Enfant est-il là?
Le vois-tu, derrière ton épaule,
Cher lecteur ?
Retourne-toi doucement,
Puis respire la douleur
Que ses yeux - vois-tu ses yeux, d'ailleurs? -
Lancent inlassablement...


//18 juillet 2008//

jeudi 17 juillet 2008

On Discute

Ceci est une petite chanson de douze lignes
Ecrite une nuit de doux ennui
Et adressée à d'inquiets ennemis
Me sifflant leur venin.


Ne m'en veuillez pas si j'ai du répondant,
J'ai toujours préféré les dialogues.
Soyez vous-même toujours un peu mordant,
Ou ce sera la mort dans l'âme qu'hésitant,
Vous ne saurez plus quoi dire.

Le café parti, ce sont les rêvasseries
Qui le remplacent ; les questions d'existence
Stupides qui rêvent, lassent, rient
Devant notre ignorance
Bien fixée par nos thunes et coutumes.

Non, on ne parle pas avec un but,
On laisse aller l'esprit, on discute.


//17 juillet 2008//

jeudi 10 juillet 2008

Chagrins d'été

L'Océan se déverse...
Inlassablement.
Versatile, sûrement,
La lame qui le traverse.

Sympathisants aux placards sales,
On n'a que peu d'amis à qui se fier.
N'ayant que peu de... disponibilité.
Horreur lacrymale.


On entend des violons,
Derrière des sous-terrains profonds
Desquels s'évaporent une tristesse
Si inexplicable qu'elle en devient maladresse.

Les coraux restent ravageurs,
Scintillent sous une plaque fébrile
D'un bleu opaque à ma pupille.
Les corps aux restes éparpillés

Reposent sur le marin plancher
Et de leurs dents éclatantes
On pourrait presque discerner
Le goût amer d'une porte laissée battante.


L'Océan se déverse...
Inlassablement.
Versatile, sûrement,
La lame qui le traverse.

Sympathisants aux placards sales,
On n'a que peu d'amis à qui se fier.
N'ayant que peu de... disponibilité
Aux heures lacrymales.


//10 juillet 2008//

Fustige l'Idylle


Ses consonnes s'accentuent,

Des r graves et d aigüs ;
Il jette les baies boursouflées
Et prend la mûre déjà dévorée.

Epilepsie au fond de la gorge,
Ravalée trop souvent par raison.
Mutations et spasmes comme une anchore
Qui vit brutalement puis se fond.

Des hasards flattant les miracles
Qui s'assagissent, s'assagissent.
Des miracles, des hasards !
Qui s'agenouillent, tous lisses.

'Mutile', me dit-il,
Mu par l'utile, médite-t-il.
'Mords le futile,
Affute ta bile,
Fustige l'idylle,
Fustige l'idylle.'

Des hystéries classées dans un registre
Soutenu.
C'est même par ordre alphabétique, triste
Sort pour ses cils battus.

Fustige l'idylle
Fustige l'idylle
Arrache tes yeux.
Une bien belle cavité
Vide de tout sens.

Fustige l'idylle,
Va à la cathédrâle cette nuit
Et prie ton Dieu pour qu'il prie
Pour nous.
Fustige l'idylle,
Plonge dans les sueurs
Longeant ta joue,
Puis respire la vie !

L'homme débarque dans
Sa grande chappe de blanc,
Ses grandes langues élancées
Prêtes à lécher les réalités délaissées.

L'homme débarque.
Il fustige l'idylle,
Brutalement marque
Mes vierges veines.

Ses pleurs commencent,
Ils dégénèrent,
Rappellent la florescence
Première.
Sa voix stagne dans l'impossible,
Il s'évertue à déverser sa vertu
Car personne ne l'a vue ;
Il s'exténue, se met à nu... Risible !
On voit son corps tiraillé
Du pied à l'iris ;
Même dans les plus profonds globules
La peste s'immisce.

Ses consonnes s'accentuent,
Des r graves et d aigüs ;
Il jette les baies boursouflées
Et prend la mûre déjà dévorée.

Dans les éclats de verre il s'écrie :

"Si le bonheur s'obtient par les plaisirs,
Greffez-moi donc des passions,
Mettez-moi sous perfusion de sources de désirs,
Fabulez, fabulez, ignorez, stop: touchez le fond.

Salissez d'étiquettes,
Rabrouez-moi d'honneurs de surface;
Mes yeux balayent vos têtes toutes faites,
Discernent vos motivations fugaces.

Plaignez-moi, en tant que victime du siècle,
Je n'en ai vécu qu'un sixième, mais il était si titanesque,
Epique, bourré de facilités pour vos rites;
J'empoigne ma religion, la minimaliste."

Toutes ces années il a écrit,
Et on ne sait toujours pas qui il est.
On ne sait toujours pas où il est.


//10 juin 2008//


vendredi 4 juillet 2008

Un con court

L'entretien, oh, je parlais.
J'avais en tête deux-trois idées,
Et puis j'ai tout oublié,
La prochaine fois je gribouillerai.

L'entretien, oh, c'était difficile.
*censure de mon esprit*
Mais je serai à Lille,
C'est déjà tombé dans l'oubli.

On était quand même des centaines
A attendre devant les amphis
Sautillants de monde. Pleines,
Les salles étaient d'idées remplies.

Puis il y a le grand mouvement de grêle,
La glace qui frappe les pavés.
Si j'avais été seul, ça m'aurait
Fait mal à la tête, ce givre à la pelle.

L'entretien, oh, les sujets étaient hardcore,
Ca traitait de la tour de Pisette,
Des cerfs-volants et du triste sort
De Marie-Antoinette.

(Au centre d'un hexagone
Se trouve, alone,
Un voisin bien perdu.
Oh, moi, je m'étais pourtant dit salut !)

Quand on se meut aux extrêmes,
On se met à connaître et à découvrir
Ce qui déchaîne les passions, ce qui en un rire
Reflète des milliards de douzaines de poèmes.

Un mot
Se balade
Quelque part
Dans mes pages.

Mais où est-il ?

Un mot,
Monotone, maudit, tragique, prostré devant
Son dictionnaire de marmots.
Les bras balançant.

Allez voir Vélimir,
Si ça vous amuse
De me traduire !
Mais je vous préviens, ça s'use,
Alors Shush !

L'entretien, oh, je l'ai foiré,
Mais j'espère pour une fois
Et que c'est bon de croiser les doigts
De rêver à des fins de mois endettées.

Entre, tiens,
Bois l'eau du sacrifice ;
Sans elle est vain
Le combat contre les Sisyphes.

Le con court,
Contre tout ;
Il a les pieds lourds
Mais la tête bien à tout.

//4 juillet 2008//

mardi 1 juillet 2008

Une Vérité


C'est une vérité qui se promène

A toute vitesse.
Déchirant les voiles,
Enfonçant les barrières,
Asphyxiant les réflexions,
C'est une vérité qui se promène
A reculons.

Je ne sais où
Elle file, avec ses airs
Faussement sensibles.
Je ne sais où
Elle va porter le danger
Une nouvelle fois.
Est-ce dans le creux d'un arbre
Qu'elle va faire son nid ?
Va-t-elle se terrer dans l'esprit
D'un torturé toubab ?

Je ne sais où
Ma vérité à ressort
Va se planter ;
Dans quelle muqueuse
Elle va apporter
Un air nouveau.
Qu'elle chante sa mélodie
Aux pleureuses désabusées !

C'est une vérité qui se promène
A toute allure,
Invisible, profonde,
Soupirant les entrailles du monde.

Je ne sais quoi
Inventer pour l'approcher,
Lire pour la titiller,
Apprendre pour la découvrir.
Je ne sais où
Elle se cache, car
C'est une vérité fuyante et joueuse :
Elle vient à vous et repart,
Sillonnant le paysage.

Je ne sais quand
Dormir.
Je ne sais qu'en
Rimes et rires
La frôler doucement.

C'est une vérité qui se promène
A toute allure,
Sur les rebords de l'Humanité.
Et si je pleure,
Je sais qu'elle ne viendra pas
Pour ça.
Si je pleure,
Elle n'aura pas pitié, non,
Car ma vérité aux ailes lacérées
A déjà pleuré des millions de fois
Et sait qu'en essayant de m'aider
Elle pourrait me blesser.


//26 mai 2008//