vendredi 18 juillet 2008

Poète à mi-temps


Parfois le soir je sors des crocs,

M'assois sur un fauteuil en eauDe vie...
Je marchande en devis
Mon âme à ces feuilles blanches,
Car commercer mes hantises
Est mon unique devise,
Ma seule solution de rechange.

Je suis un poète à mi-temps,
J'écris des souffles à peine repentis,
Invente des centaines d'habitants,
Les fais vivre en harmonie.

A crier la chaleur de prosternées
Routines, mon coeur refroidit,
Est pétrifié...
Dénonçons la banale vie,
Car à ne plus croquer
Même les sièges bondés,
Nos incisives se sont adoucies.
Chuchote, rie.

Et les poussées fraternelles
S'immiscent partout où l'on passe !
Fanent dès qu'on repasse,
Puis la soeur vient tout mettre à la poubelle.
J'ai des grades, un dédale
De grades classés, sur le marché
Pour qu'on les contemple
Telle la première dalle d'un temple.

Lorsqu'un escroc vient me rendre des comptes,
Je lui réponds qu'un escroc
Ne vend que des contes,
Et que mon argent est dans ma peau.
Ma nièce,
Elle, n'attend que mes pièces,
Elle veut qu'on me dépèce,
Me pèse ensuite et qu'on m'engraisse !

L'argent, rie, est sale,
Et tout laver n'est pas solution
Car la machine à sous n'est pas
Là, dans le salon.
Alors je menotte les excursions suspectes,
Interroge chacun des faits
Et gestes
De mes confrères aimés.

Je suis un poète à mi-temps,
J'écris des souffles à peine repentis,
Invente des centaines d'habitants,
Les fais vivre en harmonie.

Parfois, j'entends des mensonges
Sortant de lèvres bien trop rougies,
Contrairement aux joues qu'on ronge-
Rait à la folie.
Ferme ta bouche, je sature !
Un condamné à sursis pourrait
Te demander, comme si de rien n'était :
"Veux-tu des points de suture?"

Et Moi, je ne veux que te protéger,
Aller à la pharmacie,
Puis dans mon lit,
Et jeter.
Les excuses, je les achèterais par dix !
Mais pardi, je n'en ai nul besoin,
J'irai tout de même au paradis
Si je mens une vierge à la main.

On croirait que cent flammes
Suffisent à faire d'un article
Un brûlot exquis, véridique.
Mais souvent le lecteur s'enflamme,
Suivant la première étincelle
Pour se croire simplement tel
Un penseur de grande famille.
Peuh ! Fustige la famille !

Déridées, mes paroles érigent
Une statue souriant par hasard
Aux faisceaux dirigés vers l'art.
Mais au fond, ma poésie n'exige
Pas grand chose, et je titille
Les mots comme une goutte
De gouache qui vrille
Une peinte feuille en déroute.

Je sais sous les tombes
De défuntes amertumes
Tues à jamais. Je dissous l'ombre
D'un doute sous ma plume,
Je ne creuserai pas la terre
Sans cesse avec mon calamus !
Je préfère
L'économiser pour la muse.

Je suis un poète à mi-temps,
J'écris des souffles à peine repentis,
Invente des centaines d'habitants,
Les fais vivre en harmonie.

La, la, la, la la

Je suis un poète à mi-temps,
Comme une peste habitant
Les salles de bal de grands palais.
Oui ! Je valse et goûte le parfait !

Nous n'avons qu'à travailler mieux ?
Avez-vous humé, mon bon monsieur,
Dans les travées des succursales,
Les sarcastiques regards des pâles
Cadres qui saccagent mes couleurs ?
N'avez-vous pas senti comme une odeur
De vice affranchi, de frustration,
De regret d'être ici, de résignation ?
De douleur...
De douleur...
De douleur...

Moi, je reste immergé,
Nage en sueurs froides.
Moi, j'ai le droit d'exister.
Moi, j'ai le droit de susurrer aux Dryades
Que Moi, je les emmènerai
Sur les Toi du monde :
Il y en a tellement qu'après
Une première, toujours il en abonde.


L'Enfant est-il là?
Le vois-tu, derrière ton épaule,
Cher lecteur ?
Retourne-toi doucement,
Puis respire la douleur
Que ses yeux - vois-tu ses yeux, d'ailleurs? -
Lancent inlassablement...


//18 juillet 2008//

1 commentaire:

  1. Je préfère te lire à P. Valéry c'est pour dire...

    A très bientôt, je le souhaiterai tellement *soupir*

    Bises !

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