jeudi 10 juillet 2008

Fustige l'Idylle


Ses consonnes s'accentuent,

Des r graves et d aigüs ;
Il jette les baies boursouflées
Et prend la mûre déjà dévorée.

Epilepsie au fond de la gorge,
Ravalée trop souvent par raison.
Mutations et spasmes comme une anchore
Qui vit brutalement puis se fond.

Des hasards flattant les miracles
Qui s'assagissent, s'assagissent.
Des miracles, des hasards !
Qui s'agenouillent, tous lisses.

'Mutile', me dit-il,
Mu par l'utile, médite-t-il.
'Mords le futile,
Affute ta bile,
Fustige l'idylle,
Fustige l'idylle.'

Des hystéries classées dans un registre
Soutenu.
C'est même par ordre alphabétique, triste
Sort pour ses cils battus.

Fustige l'idylle
Fustige l'idylle
Arrache tes yeux.
Une bien belle cavité
Vide de tout sens.

Fustige l'idylle,
Va à la cathédrâle cette nuit
Et prie ton Dieu pour qu'il prie
Pour nous.
Fustige l'idylle,
Plonge dans les sueurs
Longeant ta joue,
Puis respire la vie !

L'homme débarque dans
Sa grande chappe de blanc,
Ses grandes langues élancées
Prêtes à lécher les réalités délaissées.

L'homme débarque.
Il fustige l'idylle,
Brutalement marque
Mes vierges veines.

Ses pleurs commencent,
Ils dégénèrent,
Rappellent la florescence
Première.
Sa voix stagne dans l'impossible,
Il s'évertue à déverser sa vertu
Car personne ne l'a vue ;
Il s'exténue, se met à nu... Risible !
On voit son corps tiraillé
Du pied à l'iris ;
Même dans les plus profonds globules
La peste s'immisce.

Ses consonnes s'accentuent,
Des r graves et d aigüs ;
Il jette les baies boursouflées
Et prend la mûre déjà dévorée.

Dans les éclats de verre il s'écrie :

"Si le bonheur s'obtient par les plaisirs,
Greffez-moi donc des passions,
Mettez-moi sous perfusion de sources de désirs,
Fabulez, fabulez, ignorez, stop: touchez le fond.

Salissez d'étiquettes,
Rabrouez-moi d'honneurs de surface;
Mes yeux balayent vos têtes toutes faites,
Discernent vos motivations fugaces.

Plaignez-moi, en tant que victime du siècle,
Je n'en ai vécu qu'un sixième, mais il était si titanesque,
Epique, bourré de facilités pour vos rites;
J'empoigne ma religion, la minimaliste."

Toutes ces années il a écrit,
Et on ne sait toujours pas qui il est.
On ne sait toujours pas où il est.


//10 juin 2008//


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