lundi 24 août 2009

La Rumeur - La Meilleure des Polices

"La meilleure des polices c'est tout ce qu'on te prend,
Tout ce qu'on te laisse, tout ce qu'on tue en toi,
Tout ce qu'on te mâche, tout ce qu'on te crache,
Tout ce que tu bectes pour garder le goût
De moisir à crédit dans un putain de trou.

La meilleure des polices, c'est ton taf, ta télé, tes crédits, tes anxiolitiques, neuroleptiques, antidépresseurs, et tout ce que tu prends pour pleurer moins fort la nuit.
[...]

C'est la peur de faire un pas, puis deux, puis trois, parce qu'enfant, on t'a dit que t'étais une merde et que t'as fini par le croire.
C'est tout ce qui te fait marcher droit avec ton propre consentement, sans jamais montrer les crocs, quand bien même on te propose de t'enculer.

La meilleure des polices, c'est quand les pauvres savent rester à leur place sans besoin de les matraquer, de leur coudre la mâchoire ou de les mettre au cachot.

La meilleure des polices, c'est ce qu'on apprend de mieux, du berceau au tombeau..."


La Rumeur - 2007

dimanche 23 août 2009

Les insomniaques (troisème jet)

Les insomniaques sont de toutes religions
De tous pays, de toutes factions
Ils parcourent les nuits de leurs souffles
Contemplant la vie dans le sombre

Les insomniaques n'ont ni vices ni ambitions
Juste le rêve d'un jour étiré à l'infini
Pour que les possibles s'oublient
Dans les nuages de leurs actions


Dormir
Jamais
Dormir
Jamais


Les insomniaques sont maniaques
Restent des heures sous un casque
En cherchant les bonnes graines
Les vibrations qui les entraînent

Les insomniaques n'ont que faire
De la vie médiatico-politique
Ils respirent les airs libérés de sphères
Propices à la création artistique


Dormir
Jamais
Dormir
Jamais

Les insomniaques se shootent
Aux arômes du Guatemala, goûtent
Et testent les cafés du monde ;
Ont mal à la tête dans ce noir ambré

Les insomniaques dessinent
Des lignes aériennes
Des signes, des emblèmes
Aiment un peu trop les malignes

Les insomniaques
Ne sont pas comme toi
Les insomniaques
Réfléchissent

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"Putain... Que la nuit est longue.
- Et que le jour est court !
- Laisse-moi rire ! Le jour, tu ne fais que courir.
- Et toi, que fais-tu la nuit ?
- Je longe les murs de ma ville... Pour trouver... Trouver un interstice... Un recoin agréable par où m'enfuir...
- Cela ne durera pas longtemps, tu t'en iras un jour. Mais pour l'instant, pourquoi s'enfuir d'un endroit où l'on est obligé de vivre ?
- On ne vit pas la nuit. On s'ennuie. On boit du vin. On caresse l'allégresse puis la laisse retomber, comme une pauvre conne. On ne vit pas la nuit. La nuit n'est pas faite pour vivre. Elle est aussi hostile que mon regard dans le miroir. On ne vit pas la nuit. La nuit est faite pour les illuminés sous les lampadaires. On ne vit pas la nuit. La nuit est meurtrière."

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Les insomniaques fument
Et ne savent pas pourquoi
Laissent des traces de cendres
Sur leurs propres émois

Les insomniaques n'ont que ça à faire
Ils passent, parmi les écrans de fumée
Et repassent leur chemises, pour hier.
Car leur avenir n'est qu'un souvenir délétère

Les insomniaques n'ont que ça à faire
Passent leur temps à trop penser
Et trop penser les tue à petit feu
Dont les étincelles ne sont que des essais

Dormir ?
Jamais
Dormir ?
Jamais

Les insomniaques sont des bêtes à calculer
Le trajet des étoiles, des comètes
Insaisissables
Ne peuvent rien y comprendre

Les insomniaques sont ici et là
A essayer de comprendre où est leur âme
A essayer, toujours essayer, toujours échouer
Et toujours à, et toujours à... Douter.

Car oui ! Les insomniaques doutent
Doutent, et n'ont que des questions à se poser
Des énigmes à résoudre, sans la solution
A la fin du journal
A la fin du journal
A la fin du journal
A la fin du
Temps fatal.

Les insomniaques
Dormir
Jamais
Dormir
Jamais

S'endormir sans toi
Jamais
Ne plus penser à toi
Jamais


24.08.09

samedi 15 août 2009

Et alors ?

On s'en fout
D'être coincés entre quatre murs
J'ai passé ma vie, dit-on
Entre différentes inspirations
J'ai grandi au milieu d'idées
Contradictoires,
Ecoutant des révoltés
Très tard le soir
Des conventionnels
Au lever du soleil

Et alors ?

Je suis
Comme tu étais
Il fût un temps
Ne m'aimes-tu pas
De cette façon-là ?
Tu as cru pouvoir
Me comprendre,
Me saisir,
Tu as cru pouvoir
Me rendre
Aux autorités
Sans payer l'amende...

Et alors ?

Qu'en ai-je à faire,
Sérieusement ?

"Je bois, je fume",
C'est à peine
Si mes poumons s'en plaignent
Toi, je te veux
Dans mon lit
Et puis partie
Vers d'autres horizons
Des lieux lointains
Où d'autres t'auront
Déjà plû ; des voisins,
Sans doute,
J'en ai rien à foutre.

Et alors ?
Et alors ?

Qu'en ai-je à faire,
De tes superstitions,
De tes préoccupations
Concernant notre 'couple'
Incertain ?
Je ne veux que de la surprise,
Des nouveautés en cascade,
Des illusions, désillusions
Pour mieux me
Fendre la gueule
A coup de
Cocasseries veules

A coup de
Cocasseries veules

17/08/2009

vendredi 14 août 2009

Il marchait.

Il marchait
Admirait leurs mouvements
Leurs courses effrénées
Vers l'insolence

Il marchait
La tête en l'air,
Fièrement posée sur
Ses épaules de velours

Il marchait,
Et ne savait où aller
Ne savait que faire
Et qui regarder

Il marchait,
Les étoiles filant
Devant ses yeux ambrés
Perdus au loin

Il marchait
Vers le néant
Allait peut-être y tomber
N'était pas au courant

Il marchait
Et détestait son allure
Crachait sur ses mouvements
Mais ne pouvait arrêter ses pas

Il marchait
Sans cesse
Sans cesse
Sans cesse

Il marchait
Et espérait un jour
Pouvoir courir
Et s'arrêter.

jeudi 6 août 2009

Au croisement des amertumes

Derrière les ombres se cachent des passants ; impatient de trouver mon lit, je me fonds dans les creux pourris de cette ruelle putride et vide, la peur comme seul moteur pour en finir avec ce long trottoir.

Là, au détour d'un lampadaire, claudiquant dans le béton, une masse s'agite sous un voile épais.

Les premières notes de Belsunce Breakdown martèlent mes tympans à toute allure, tandis que l'homme sort la tête de sa couverture puante. Je jette un coup d'oeil à sa figure ; on ne peut que jeter des choses aux clochards.

Sa gueule est tiraillée, tailladée, hideuse, et sa barbe inégale, poisseuse. Comment le regarder ? Comme s'il était encore homme ?


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Tu m'as piétiné.
Tu m'as humilié.
J'ai essayé
De te rendre la pareille,
La monnaie de ta pièce.

Quelqu'un a oublié de te dire
Que je n'oublie rien ;
Dans les moindres recoins
Je cache mes souvenirs fossiles,
Je peux en un rien
Les dépoussiérer.

Tu m'as piétiné,
Tu m'as humilié.


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Impossible d'oublier.

lundi 3 août 2009

La Chanson du Mort-Vivant (Casey)

« J’ai du mal à aimer, à trouver mes mots
Et le sommeil sans prendre de comprimés
Je suis inanimé, énormément abîmé
Probablement mort-né et déjà embaumé
Je n’ai le goût de rien, mais je sais le mimer
Et mon entrain n’est qu’un écran de fumée
J’ai toujours su très bien jouer à l’humain
Manier les banalités et les lieux communs

Mon prénom a été gommé du roman
J’ignore tout simplement où, quand et comment
Et pourquoi je me suis sur moi-même renfermé
Endormi apparemment pour un moment

Je ne suis ni exigeant, ni borné
Ni sournois, ni attachant, ni acharné
Ni content, ni méchant, ni charmant
Seulement peu concerné et désincarné
Comme à pas grand chose d’être interné
Ou l’invité d’honneur de mon propre enterrement
Détourné du monde, seul et épargné
Par ces petits bonheurs ou ces grands tourments
J’ai beau prendre le problème et le retourner
J’ai effectué un très gros travail sur moi
J’ai occupé la longueur de mes journées
Je ne ressens ni l’envie, ni l’émoi
Ni la peur, ni l’ennui, ni l’effroi
Ni la lenteur des heures, ni le compteur des mois
Pas une seule fois le poids des années
Même une bonne déprime m’aurait bien dépanné

Mais il n’y a que mon crane noyé dans le néant
Et mon corps broyé par un trou béant
Alors dites-moi comment être foudroyé
Sortir souriant, hilare et puis débraillé
Bâtir un foyer, y être choyé
Pouvoir bavarder sans bafouiller
Etre le bon voisin ou le bon employé
Le bon mari, le bon ami à côtoyer
Ou ébloui par la nuit et ses néons
Le vent, la pluie, le soleil et ses rayons
Et j’ai essayé de crier mon tourbillon
Mais ma voix n’a pas pu ôter son bâillon

J’ai un bataillon d’histoires à vous détailler
De petits soirs sans festins ni cotillons
De gosses que je ne verrai jamais brailler
En se réclamant être de mon sillon
Donc si vous me voyez qui que vous soyez
Pitié, ne tentez pas de me réveiller
D’être bienveillant, de vous apitoyer
Car les morts-vivants ne savent pas s’émerveiller.
»


Casey