mercredi 28 mai 2008

Bonne nuit

Bonne nuit aux yeux vitreux des ouvriers de la fête ;
Aux chocs de verre éclatants ;
Aux simples gestuelles envoûtantes ;
Aux fantaisies réalistes ;
A tous ces petits boutons dans les champs d'or ;
A mes frelons et à mes guêpes qui pullulent ;
Aux sauts pleins d'eau qui sursaute.

Bonne nuit à mes larmes,
Bonne nuit aux faisceaux salissant la nuit,
Aux fées travestissant la magie.

Bonne nuit à ceux et celles
Qui, autour d'une table ronde
Comme les joues rosées
Se réveillent au petit matin tout embrumés.

Bonne nuit aux mots,
Aux tristes palabres qui égayent les rues ;
Aux maudites libellules
Qui sans ailes
Bullent sans être libres.

Bonne nuit aux motards,
Bonne nuit au Père Noël,
Bonne nuit à mon téléphone,
Bonne nuit à la poésie,
Bonne nuit Aimé Césaire !
Bonne nuit Nico,
Bonne nuit aux enfoirés,
Bonne nuit aux pestes :
Dans le sommeil nous nous retrouvons tous
Comme de sublimes cons,
A imaginer le lendemain,
A être déçu de son jour passé.

Dans le sommeil nous nous retrouvons tous
Comme de sublimes cons,
A mâcher le temps comme un chewing-gum :
On mastique le passé inlassablement,
Avale le présent sans le goûter
Et crache la salive qu'on a produite pour le futur.
Et je ne mâche pas mes mots,
Je ne cache pas mes mots ;

Bonne nuit au temps qui ne s'arrête pas aux échafauds,
Bonne nuit aux demoiselles échevelées,
Bonne nuit aux hôpitaux,
Bonne nuit à la nuit discrète,
Bonne nuit aux rimes qui dorment déjà.

Bonne nuit à ma générosité,
Bonne nuit à vos,
Vos quoi, vous me direz ?

Bonne nuit à ma musique,
A tout ce qui passe un instant
Et qui périt le jour suivant ;
Bonne nuit aux tics.

Ayez une nuit fabuleuse,
Sans mon grand A de maladresse !
Passez une nuit malicieuse
Sous les étoiles qui tressent
Leur toile sur le ciel tout noir.
Tout noir, tout noir,
J'ai peur !
Bonne nuit à ma peur !
Et si je montais au ciel pour la surmonter,
Ma putain de peur du noir ?

Un jour si on m'avait dit que la nuit portait conseil,
J'aurais sûrement dormi à cette heure ;
C'est que maintenant je me méfie même de mon sommeil,
Et le réveil s'annonce à chaque fois comme un trouble-fête.

Bonne nuit aux soldats qui parcourent l'Afghanistan !
La beuh me manque, en effet ;
Bonne nuit au courage ici,
Pendant que de furieux envols nous narguent.

Bonne nuit à ma haine,
A nos chaussures
Tapant à toute allure
Alors qu'en fait, on traîne.

//28 mai 2008//

vendredi 16 mai 2008

Fait du mal aux mouches

No Title

Parmi les hôtes d'humanité,
Pas remis de hautes énormités
Qui ont fait mon exil ;
J'ai tapé la touche de trop,
Lâché une louche d'eau
Brûlante, en plein dans le mille.

Ce sont en circonstances
Que les scissions se font
La malle ; leur existence
Justifiée par l'époque, où fond
Fatalement le meuble iceberg
Qu'est l'amitié. D'une attaque
Frontale, je fonce et lègue
Mon héritage aux bègues qui squattent
Le palier de mon bonheur.
"Pou-pourrais-je connaître
La fo-formule magique, maître?"
Faut remuer leurs idées ; ma sueur
Suinte, mes propos leur paraissent
Bien acides, acerbes, comme salive :
Ca lave le cerveau, lessive
Les préjugés. "Stoppe juste ta paresse."

Stoppe juste ta paresse,
Petit joueur ; cesse !
Y'a pas de formule magique.
Même si souvent, c'est un système à tics.

Même si souvent, c'est systématique,
On peut toujours en tirer un rire authentique.

Ô, fredonneurs du ciment,
Continuez vos douces balades !
Qu'on martèle les faux-semblants,
Qu'on me pique si je divague !

...Dix vagues voguent,
Vagabondes,
Vaguement gavées de bogues ;
Des vagues piquantes, qui inondent
Les jeunes peaux
Et les creusent...

Ô, frelons tueurs des océans,
Sachez bourdonner ailleurs.
Intéressez-vous aux nids de l'Orient,
Sucez un sang plus pur, meilleur.


J'ai tapé la touche de trop,
J'envie cette bouche, c'est si beau,
Une langue de paille qui fourche !
J'attends qu'on me botte en touche.


//15 mai 2008//

dimanche 4 mai 2008

Enjoy


Oups, fausse manip',
J'allais à la manif critique,
Et un double-clic
M'a fait changer de but.

Encore une semaine interné,
J'en aurai fini.
Derrière des années liées
Par le nez, les soucis.

Si ce n'était que de la peur,
Je la surmonterais ;
Mais il n'y a là que rancoeur,
Appréhension, envie... Il paraît...

Il paraît que les songes ont une image,
Qu'en sondant des pages et des pages
On peut tisser sa toile,
Quelque part, dans la vie.

L'espoir est revenu,
Ne nous affolons pas
Avant que ce soir aie fondu
Sous la chaleur de tes pas.

Si mes pensées étaient une lettre,
Je n'aurais besoin de papier
Pour au monde l'envoyer,
Il suffirait de me timbrer la tête.

Aujourd'hui ça m'a repris,
J'ai pris mon poignet,
L'ai repris, l'ai serré
Dans tout ce que j'avais appris.

Car acérées furent toutes ces années
Et paroles ; folles, tâchetées
D'immondices qu'on jette aux pavés.
Laissons macérer l'ombre sous les palmiers.

Rien ne sert d'attendre, il faut
Cuire à point et saigner sous l'eau.
Apprécier le sourire de la lagune,
Se faire avaler par ses avancées brunes.

Aujourd'hui j'ai peur,
Mais depuis le temps,
Je ne le dis plus à personne, tant
Que ne sera pas sortie la rancoeur.

Et nous avons sous les silhouettes
Musicales de précieuses minutes
A dépenser ! Qu'on aille siffler la lutte
Aux notes d'espoir qu'on grignote sous la couette !

Nous valons la peine d'être goûtés
Et si un parfum manque, il faut l'ajouter
A son répertoire de recherche ;
Les amis d'un soir peuvent être de mèche.

Enjoy.
Enjoy your life until it ends,
'Cause no one will live yours
At your place.

Enjoy.
Just stay moving,
You'll catch a bird in
A word you don't even know.


//4 mai 2008//