vendredi 3 octobre 2008

Les bises de la mort

Dans la vie c'est
Des amis jusqu'à la mort,
Saignés à la main,
Puis résignés quand ils ont signé ;

Dans la vie c'est
Des statues dévissées
Penchant comme un danger
Sur les places surchargées.

On a bien vécu,
Toujours en manque
Sauf d'écus
Dans notre petite planque
Aux herbes folles,
Aux oeillets et fougères.
Sur nos oreillers plaqués au sol,
De fermés yeux rouges.

Si les grands sourires nous viennent,
C'est que le soleil est loin,
Nos dents serrées
Et nos lèvres au couteau allongées.

Dans la vie c'est
Des gens fébriles comme des feuilles
De papier calque ;
Combien d'indépendants claquent ?

Dans la vie c'est
Vide de sens,
Vite pavillonné,
Avide de délivrance
En vérité.

Mais on a plus que des os brisés
Pour construire l'amitié ;
Y'a des putain de blind
Et personne peut relancer.
Des putain de phrases
Même pas libellées,
Des putain de verres
Complètement bourrés.
Ta censure,
Je la contourne
Pas par les urnes,
Mais par les mains.
J'suis un putain de satellite
Détaché de son orbite ;
Saturne peut cauchemarder,
Je racle sa putain de beauté.

J'ai les poings liés
Par les moeurs
Alors je mets un point d'honneur
A cacher mes doigts d'honneur.
Mes insultes sont belles
Mais si peu
conventionnelles.

Dans la vie c'est
Des amis qui sourient
Des amis qui oublient
Des personnes insultées
Sans même un mot,
Sans même un regard.

Dans la vie c'est
Des revanchards aux mains d'argent
Qu'ont la tête explosée
D'injures de premier rang,
Qui doivent tout recracher
Pour ne plus jamais pleurer.

Mais le monde t'a mis à la porte,
Dès que tu es sorti
De tes gonds.
La révolte, l'instant charnière...
En lieu clos, à l'arrière,
Les charognards sont à l'air
Libre ;
Cachés sous des prières.

Il faut sans arrêt moraliser,
Moraliser,
Regarder ses pieds marcher,
Son corps fonctionner
Et expliquer,
Se dire que tout ça
Est raisonnable
Est explicable,
Est tolérable,
Est organisé,
Et caetera.

J'cite l'illicite,
Mais jamais j'le justifie ;
Dans le réduit
C'est du Kafka qu'on récite ;
J'roule une garette-ci,
L'imbibe de whisky.
Derrière la fumée,
Le monde civilisé.

J'cite l'illicite,
On se demande si
Je le réalise ;
Quelle importance,
Qu'est le réel ?
Que l'action t'apporte-t-elle,
Si ce n'est le réconfort
De pouvoir la détester
Et de rester bien dressé ?

Ah !
L'hymne à l'anarchie ?
Pas le moins du monde ;
C'est l'hymne à la connerie
Dont chaque seconde
Le sens est amplifié
Par la routine, les préjugés,
Et qui s'enduit
Des sécurités.

La connerie,
Elle est indispensable à la vie.
Sans elle, il n'y a pas de rire.
Sans elle, il n'y a qu'un ciel gris
Sans oiseaux éclopés,
La clope au bec.

La connerie, elle fait peur
Aux lâches ;
Respecte ce que tes aînés
Ont décidé pour ton bonheur
Et crache.

Dans la vie c'est
Crache !
Crache !
Crache !
Crache !

Nos attitudes
Sont des bises de la mort
Des hymnes à l'uniforme
Des bises de la mort
Venant nous border la nuit
Pour nous rassurer sur la vie,
Sur sa protection infinie.
Les bises de la mort vous disent
'Tout ira bien demain,
Tout ira bien demain...'

//8 octobre 2008//

1 commentaire:

  1. C'est cool, malgré la sur-abondance de putains, ça donne envie de chanter.

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