mercredi 16 septembre 2009

Hors

art by Boogie


Gueules gangrénées

Derrière les stores
Hontes de dégénérés
Feignant d'être morts

Destinées souillées
En contrebas du port
S'effacent sur les quais
Et rôdent aux abords

Hors la vie
Hors les maux.

Danses inanimées
Se jettent à bâbord
Ne savent pas nager
En reviennent au sort

Chagrins et pleurs noyés
Et le bonheur qui dort ;
Se laissent à la marée
Ont donné leur accord

Hors la vie
Hors les maux.

On a retrouvé leurs corps
Mordre la poussière, intoxiqués
Par terre, aux aurores
Hors l'eau, inanimés,

Hors la vie
Hors les maux

17.09.09

lundi 14 septembre 2009

Tragédie d'une trajectoire (Casey)

Pourquoi suis-je si radical ?
Me méfie des mains tendues trop amicales
N'ai aucune tendresse pour mes tours verticales
Ni la bonne humeur de moi le tropical
Tout ce que j'énumere n'a aucun humour, est noir et amère
Froid et sans amour, fade et sans saveur et a dans son sommaire
Un lexique et une grammaire pour cracher sur leurs mères
Pourquoi suis-je si marginal ?
Épouse la cause du faible de façon machinale
Ne vois que du complot dans les lignes du journal
N'arrive à dormir que dans un bruit infernal
Puisque j'ai les nerfs, l'impression qu'on m'ignore
Et que de toutes manière on en veut à ma crinière
C'est sans aucune lumière que je sors de ma tanière
Avec un poignard imprimé sur la bannière
Pourquoi suis-je si peu sociable ?
Aussi sensible, pénible, irresponsable
Et me sens seul quand mes semblables me prennent pour cible
Pourquoi être stable dans ma tête est impossible ?
Parce que j'ai vu venir de loin mon calvaire
Braqué sur mon avenir avec un revolver
Je préfère vous prévenir j'ai de la colère dans le regard
Quand je marche sur vos boulevards.

Casey

vendredi 11 septembre 2009

La vie en prose

Une autre ligne
Chaque seconde à écrire
Toujours
Une autre ligne

Point par point,
Atteindre l'infini
Définir l'émotion inouïe
A chaque ligne
S'en aller et revenir

S'en aller et revenir
Ecrire et réécrire
Une autre ligne
Et ne jamais finir ;
C'est la vie en prose
Celle où tout repose
Sur de verticales frénésies.

09.09.09

mercredi 9 septembre 2009

Médiocrité

Médiocrité
Sinus de frustration encombrés
Colonne vertébrale courbée
A force de se faire écraser
Médiocrité
Des illusions de victoires
Regrets qui s'entassent
Et tous les jours tu perds la face
Médiocrité
Calculs infinis pour le lendemain
N'agit jamais
Préfère contempler son poil dans la main
Médiocrité
Des carences lexicales
Quand les yeux s'abaissent
Laissent place à un vide abyssal
Médiocrité
Vouloir sauter par la fenêtre
Et ne pas être foutu
De courir cent mètres

Médiocrité,
La vie ne t'a pas choisi
Tel que tu es
Mais rien n'est jamais fini
Médiocrité,
Continue d'avancer dans le néant
Comme aveugle devant un trou béant
Attendant son chien absent
Médiocrité
Y'a-t-il une chose que tu aimes
Un espoir sous les chrysanthèmes
Ou ne connais-tu que des problèmes ?
Médiocrité
Pour toi l'avenir sera froid
Car dans tes yeux tout l'est déjà
Et ça ne changera pas
Médiocrité
Je ne veux pas te connaître
N'ai pas que ça à faire
Alors je change d'air.


09.09.09

samedi 5 septembre 2009

Tournis

Arcades carbonées
Tourbillonnant, désinvoltes
Au-dessus de nos têtes
Dansant si calmement
Dans le brouhaha des carburants

Les nuages avancent, impassibles
Au-delà de nos préoccupations
Parfois déversent des pluies acides
Mais nous n'y pouvons rien, non,
Nos souffles futiles se perdent
Dans la masse des espérances

Et moi, pendant ce temps,
Je tourne en rond
Poussière parmi le tourbillon.

Et moi, j'ai le tournis
Entre toutes ces palpitations,
Poussière parmi le tourbillon.

5.09.09

vendredi 4 septembre 2009

Vertige

Je n'ai plus de famille, je n'ai plus d'amis, ou plutôt, regarde-les, qui sont-ils ? Je n'ai plus de famille, ou plutôt non, non, c'est ma famille qui ne m'a plus.
En guise de retour aux sources, je pourrais me jeter du haut d'une falaise pour atterrir, sans bruit, dans l'eau glacée.
Sois fier de tes origines, mon fils, et va. J'ai beau creuser à la pelle, je ne trouve pas de racines. D'ailleurs au-dessus de moi, il n'y a pas d'arbre. Que des oiseaux minables qui tournent et rigolent.

Ma cahutte est vide d'âme, où suis-je ? J'ai perdu mon cerveau dans ce bordel et tâtonne dans le néant. Où est passée ma tête, où est passée ma tête...

Superficiel matérialiste connard arrogant froid distant

Et quoi d'autre ?


Voltige... Vertige...

mardi 1 septembre 2009

Notre peur

Réactionnaire ;
Face à la terreur on erre
Papote et déblatère
Pendant que les grands missionnaires
Du haut de leurs croix Versace
Nous engrainent, pépère,
Nous font avaler des pilules Duce.

Notre peur - je crois qu'elle existe -
Voudrait qu'on vive reclus
Ignorants comme des bêtes, jamais triste,
Bienheureux de tous être tus.

On m'a dit que j'étais con,
Voulu m'apprendre comment
Me défendre contre les rencontres
Que les prêtres me disent suspectes.
Les lieux communs pourrissent ma tête
A priori fusant à l'allure d'un Jet ;
Ces conneries sont des mirages
Qu'on a bourré à coup d'images
Dans mon crâne un peu trop vide.

Notre peur - je crois qu'elle existe -
Voudrait qu'on vive reclus
Ignorants comme des bêtes, jamais triste,
Bienheureux de tous être tus.

Toute forme d'idéal est nocif,
Qu'il soit politique, religieux, humaniste
Même les amoureux sont soumis
Aveugles d'un réel écrit en hiéroglyphes
Par de brillants économistes
Aux liasses tendant vers l'asymptote.
Esclaves de notre inconscience,
Nous prions chez nous contre le danger nu
Résidant en HLM, à deux pas de notre rue.
Et si jamais un bel inconnu nous aborde
Au coin de l'avenue, qu'on lui torde
La parole et lui foute un coup de pied au cul.

Notre peur - je crois qu'elle existe -
Voudrait qu'on vive reclus
Ignorants comme des bêtes, jamais triste,
Bienheureux de tous être tus.

02.09.09